Notre déplacement au NRF 2018 devait être l’occasion de mieux comprendre la stratégie des grands retailers américains face à Amazon ou Facebook. Voir comment ces grandes enseignes du Mortar réagissaient au développement de ces écosystèmes digitaux. Observer leur façon d’être présents lors des nouvelles grandes messes du commerce mondial que sont Prime Day ou Single Day…
On y allait également pour comprendre les raisons de la reprise du trafic instore observée lors du dernier « Holidays Season » (novembre/décembre : +4,9%). Savoir si elle était due à des changements de comportements consommateurs ou à la disparition des modèles les moins performants.
TEMPS GAGNE vs TEMPS PERDU
Mais force est de constater que le NRF2018, même si on y parle d’omnicanal (pas vraiment de « no canal ») et de sans couture, c’est d’abord et surtout l’opposition entre le digital et le Mortar qui est mise en scène. L’opposition entre un online qui propose toujours plus de temps gagné et un off line qui cherche des solutions pour rattraper le temps perdu.
Bref, c’est un salon qui parle de temps bien économisé.
Un temps bien économisé que les acteurs du web abordent de moins en moins sous l’angle des délais de livraison (rappelons qu’Alibaba a livré son premier client lors du Single Day en 18’12’’) que sous celui de la ponctualité de la livraison, de plus en plus réclamée par les consommateurs.
Un temps bien économisé qui est surtout, le sujet qui préoccupe les acteurs du Mortar. Preuve en est, le nombres de stands qui, tout au long des allées du Retail Big Show, proposent toutes les technologies possibles et imaginables pour :
Bref ce salon est à 90% consacré à des technologies au service d’un objectif de parité :
A LA RECHERCHE DU TEMPS BIEN DEPENSE
Du coup, nous nous sommes plutôt intéressés à ceux qui justement refusent cette logique de parité. Ceux qui veulent installer une différence structurelle sur leur marché. Ceux qui cherchent à opposer au TEMPS BIEN ECONOMISE, du TEMPS BIEN DEPENSE.
Le temps bien dépensé, c’est d’abord du temps que le On line ne peut proposer. C’est un temps qui vaut le coût et l’énergie d’être vécu. C’est un temps enrichi, augmenté, capable de nous faire oublier la notion même du temps qui passe comme un bon film peut nous le faire réaliser.
Le temps bien dépensé, c’est l’expression de notre nouveau rapport au temps. Un temps que nous abordions jusqu’à présent de façon très linéaire, en l’épargnant, l’organisant et le gérant comme un stock. Un rapport au temps qui connaît des distorsions, des ralentissements et des accélérations sous l’effet du digital et de l’omnicanal. Désormais ce que nous valorisons de plus en plus, c’est l’intensité, le plaisir et la satisfaction que nous procure un laps de temps.
La deuxième partie de ce compte rendu sur le NRF 2018 sera ainsi l’occasion de passer en revue quelques exemples d’enseignes ayant fait le pari de la rupture avec plus ou moins de succès. Un exercice à la recherche des facteurs clés de succès de ce temps « augmenté » qui vaut le coût et l’énergie d’être vécu. Une observation qui nous rappellera combien le produit reste central et ce, quelle que soit l’expérience proposée.